Les origines de MENA
La mission MENA – pour Ministère Évangélique parmi les Nord Africains – a été créée en 1980 sous la forme d’une Association Loi 1905 au terme d’une histoire déjà longue qui remonte au réveil évangélique du XIXe siècle en Angleterre.
On reconnait comme premier missionnaire évangélique en Algérie un Anglais nommé George Pearce, mais des initiatives au sein des Églises Méthodistes ou de l’Église Réformée de France verront aussi le jour vers 1880 surtout en Kabylie.
La North Africa Mission est une de ces missions qui ont traversé deux conflits mondiaux et les atrocités des guerres d’Indépendance pour donner naissance à des ministères alliant hautes technologies et annonce de l’Évangile de Jésus le Messie.
L’objectif principal de MENA consiste à faire connaître Jésus-Christ dans les pays francophones d’Afrique du Nord et parmi les diverses communautés musulmanes présentes en France.
Mena a sa source en Afrique du NORD
MENA est le résultat des activités de la mission internationale North Africa Mission – la NAM devenue AWM en 1987 – et des changements géopolitiques de la fin du XXe siècle. Mais MENA a aussi suscité un élan pour l’évangélisation des Musulmans dans les églises évangéliques de France et de Suisse. MENA recouvre dès ses origines deux aspects complémentaires : des équipes internationales à l’œuvre en France et des équipiers francophones en Europe et dans le monde arabe.
Après l’indépendance du Maroc et de la Tunisie puis celle de l’Algérie en 1962, une période d’exceptionnelle liberté de témoigner a permis un impact à la fois sur les acteurs économiques (foires) et sur la jeunesse (cours par correspondance) pendant que se mettaient en place les émissions radio de Trans World Radio. De nombreux missionnaires se sont retrouvés en Afrique du Nord, puis sur les côtes méridionales de la France et de l’Espagne. Une nouvelle génération de missionnaires surtout nord-américains apprennent le français à Paris et à Montpellier. Des relations se tissent avec les églises évangéliques en France.
Avis de tempête
Mais le vent tourne en Afrique du Nord et les missionnaires deviennent les cibles des gouvernants garants de l’islamicité des nouveaux pays.
En Algérie, les expulsions arbitraires et les départs volontaires se font en deux vagues, en 1969 et en 1982. Les familles choisissent souvent la France à cause de la scolarité de leurs jeunes enfants, certains célibataires partent vers l’Afrique sub-saharienne et vers le Moyen-Orient, Égypte et pays du Golfe Persique en tête.
Les missionnaires de la North Africa Mission – qui venait d’absorber la Algiers Mission Band de Miss Lilias Trotter et la Southern Morocco Mission d’origine écossaise – s’installent progressivement en France méridionale. Les bureaux d’Abraham Wiebe (Directeur exécutif) et Bernard Collinson (champ missionnaire) s’ouvrent à Aix-en-Provence, l’École Radio-Biblique est à Marseille dans une ancienne fromagerie désormais équipée d’un studio professionnel (avec Bob Cox et Dave Milligan en particulier), un Centre de Formation s’établit à Montpellier autour de la famille Hiestand et quelques évangélistes s’installent à Valence, puis Grenoble.
Les petits commencements de Mena en France
Les relations entre ces missionnaires expérimentés et raisonnablement francophones et les églises évangéliques françaises s’approfondissent et des équipes mixtes vont présenter l’évangile aux pieds des barres d’immeubles ou rencontrer les jeunes musulmans qui répondent aux offres de cours par correspondance.
De façon plus stratégique, John Haines (NAM) et Jean-Paul Rempp (La Bonne Nouvelle de Lyon) convoqueront des séminaires de réflexion sur l’évangélisation des Musulmans en France à Valence plutôt destinés aux pasteurs, puis des Week-Ends de Prière et d’Information à l’intention de tous les chrétiens de la région Rhône-Alpes. A Montpellier, l’évangéliste Jack Mouyon est pressenti pour fonder une association cultuelle pour réunir dans un cadre légal et transparent vis-à-vis des autorités l’ensemble des activités d’évangélisation de la North Africa Mission en France.
A l’automne 1980 nait la Mission Évangélique parmi les Nord-Africains, qui prendra plus tard le nom de Ministère Évangélique parmi les Nations Arabophones pour correspondre au nouveau nom de la mission-mère, dévoilé en 1987 à la Conférence de Viviers, Arab World Ministries (AWM).
Les premières années de MENA sont marquées par le recrutement de nouveaux missionnaires français et suisses. Par la suite, des missionnaires algériens et marocains les rejoindront. Ces missionnaires sont pour certains envoyés en Afrique du Nord ou affectés à l’École Radio-Biblique, mais d’autres sont restés en France pour travailler dans les grandes villes et leurs banlieues.
Au début de l’existence de MENA, l’essentiel du travail administratif et des contacts officiels était de la responsabilité d’un Secrétaire Général anglophone prêté par la branche américaine de la North Africa Mission : Bernard Collinson, Clarence Adams et David Vos ont été des piliers dans la collaboration entre mission et églises et ils avaient la confiance des deux communautés de missionnaires, anglophone et francophone. Basés à Montpellier ou Aubagne, ils ont rayonné dans toute la France, accompagnant en particulier les futures recrues francophones dans la recherche de leur soutien financier.
Création d’un comité directeur
Pendant ces années de fondation, un Comité Directeur de MENA veillait à l’harmonie des pratiques d’évangélisation et aux bons rapports avec les autorités pendant le premier mandat de François Mitterrand. On trouvait dans ce Comité un homme-sandwich de Valence, fonctionnaire de la DDE de la Drôme, un mécanicien gendre de missionnaire au long cours, un ingénieur du Centre de Recherche d’IBM, un administrateur de la Faculté de Théologie Réformée d’Aix en Provence, un chimiste engagé dans l’implantation d’églises depuis son enfance, une mère de famille qui avait enseigné le français au Centre de Formation de Montpellier, un réalisateur de moules pour pièces métalliques d’origine berbère et un pasteur d’une église évangélique de Montpellier féru d’évangélisation.
Mena devient la branche française d’AWM
Au début des années 1990, de nombreux changements à la tête d’Arab World Ministries vont imposer un rapprochement entre la direction de MENA désormais privé de Secrétaire Général et le siège récemment déménagé à Worthing, au sud de l’Angleterre. Après le court intérim de Wendell Evans, le professeur Raymond Tallman met en place un management moderne de la mission internationale et apporte une vision stratégique à cette mission qui travaille de la Syrie à la Mauritanie, par la radio, la vidéo et bientôt la télévision satellite. Il crée une région Europe pour les ministères aux Pays-Bas, en France et bientôt au Royaume Uni.
Les pays musulmans se ferment à l’évangile
La Conférence RENEW qui se tient à Colchester pendant l’été 1995 est un tournant dans l’histoire de AWM. C’est l’occasion de célébrer la providence de Dieu et de dire « au revoir » à un bon nombre d’acteurs majeurs de la North Africa Mission au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. C’est l’occasion de remarquer combien la mission a rajeuni.
La raison principale est à chercher dans la réalité des ministères, les pays musulmans s’étant fermés à l’annonce de l’évangile même par le canal des œuvres humanitaires ou hospitalières. Le plus vieil hôpital du Maroc à Tanger – Memorial Tulloch Hospital – a dû passer la main à du personnel musulman avant d’être fermé. Des orphelinats, des écoles, des fermes-pilotes ne peuvent plus faire rayonner l’amour de Jésus. Les nouveaux missionnaires seront des techniciens diplômés, souvent dans les hautes technologies. Ils viendront avec leur famille travailler sur des chantiers temporaires ou dans des administrations où le premier faux-pas se transforme en expulsion au petit matin. D’où le nombre de jeunes entre 30 et 40 ans, qui souvent seront amenés à changer de mission voire de reprendre dans leur pays d’origine une carrière normale.
Dieu n’est jamais pris de court
Depuis 1980 des millions de Musulmans ont quitté leur pays hostile au christianisme, d’autres sont restés et ont remplacé les missionnaires en créant leur propres églises, parfois dans la clandestinité et en risquant leur vie, parfois en restant des acteurs crédibles de la société et en forçant un certain respect. Depuis 1980, les médias ont présenté sur tout le pourtour de la Méditerranée la vie attachante de Jésus de Nazareth. En effet, beaucoup de chrétiens d’Europe qui n’auraient jamais pensé à devenir missionnaires rencontrent chaque semaine des collègues musulmans et parfois des amis musulmans, des mamans à la sortie des écoles ou des étudiants aux portes des universités.
Les équipes de MENA se sont adaptées à ces nouvelles circonstances, en valorisant le comportement irénique et l’amour du prochain qui ont caractérisé près de 150 années de North Africa Mission.
Vision et stratégie de MENA aujourd’hui
Les missionnaires de MENA travaillent en France et à l’étranger, principalement en Afrique du Nord en raison des liens historiques, linguistiques et culturels consolidés avec le Maghreb. La vocation de MENA : « que tous les Musulmans parviennent à la connaissance de Jésus et fassent partie intégrante du Corps de Christ » illustre sa vision et la motivation de tous ses ouvriers.
Dans ses relations avec les pays du Maghreb, les envoyés de MENA collaborent non seulement à l’annonce de l’Évangile mais aussi à la formation de disciples au sein des églises locales lorsqu’elles existent, en apportant les ressources nécessaires à son bon développement, c’est à dire sur des bases bibliques saines. Sinon, une implantation d’église est envisagée dans la mesure du possible. Actuellement MENA travaille en partenariat avec différentes églises et associations pour réaliser ce travail source de richesses humaines et spirituelles.
MENA dépend entièrement du Seigneur pour ses besoins financiers. Ses missionnaires servent le Seigneur en vivant par la foi quant à leurs revenus. Les projets souvent conduits en association avec les chrétiens locaux, se développent grâce à la générosité des donateurs.
Les formations de MENA
Enfin la mission donne en France et à l’étranger des formations en islamologie (Institut Biblique de Genève, Institut Biblique de Nogent) et enseigne comment témoigner aux musulmans à la demande d’églises ou de groupes. Des outils médiatiques, de la littérature sont également à disposition pour aider à l’annonce de l’évangile.
La prière reste un appui essentiel pour la mission, c’est pourquoi nous la sollicitons par le moyen de diverses communications telles que Mission Prière, Mission spéciale et une parution appelée le Courrier de MENA.
Le musulman, dans sa quête religieuse va souvent être interpelé par un rêve, ou par son incertitude quant au pardon de Dieu et au salut. Le témoignage d’une vie chrétienne exprimant l’amour de Dieu va l’ébranler et l’ouvrir à la conscience de l’amour de Dieu pour lui.
Ce chemin de l’acceptation de la bonne nouvelle par le musulman peut être long, difficile, vu l’emprise familiale et sociale. L’accompagnement des chrétiens dans ce travail est indispensable. MENA vous remercie pour la part que vous y prendrez et se tient à disposition si vous souhaitez aller plus loin dans la connaissance de ce ministère.
Article de Paul GESCHE, Président de MENA entre 1989 et 2002